L'image sociale : ces clichés qui ont la peau dure

Publié le par Peggy Banget-Mossaz

La construction historique de Paris et sa banlieue a marqué au fer rouge les relations sociales entre les habitants.

Les Franciliens ont comme référence un territoire d’inégalités avec un déséquilibre économique et social entre les départements : moteur économique à l’Ouest, problématiques sociales au Nord et à l’Est, environnement rural sur le grand Est et le Sud et une ville centre qui concentre les emplois et les pouvoirs. Ces clichés bien que loin de la réalité pèsent énormément sur les relations Paris / Banlieues ; Banlieues / Banlieues ; Ile-de-France / reste du monde.

Selon Rebecca Hjortegaard Hansen, l’image sociale est fonction de la perception que les étrangers ont des habitants et des conditions sociales et politiques qui règnent dans un territoire. Ainsi les relations humaines et le regard porté sur les conditions sociales sont importants pour qualifier l’image d’un territoire.

Quel est alors le constat ?

  • Des habitants de banlieue qui adorent tout autant qu'il exècrent Paris. Un métro bondé "avec tout le monde qui fait la gueule" et des Parisiens agressifs et arrogants battent souvent la réalité d'une ville où la culture et les loisirs sont concentrés et facilement accessibles.
  • Des habitants de banlieues qui se toisent mutuellement en fonction de leurs villes et qui ont des idées bien arrêtées sur les relations sociales à l'oeuvre. Neuilly vs Stains vs Champigny etc.
  • Des Français qui ressentent l'Ile-de-France comme un rouleau compresseur où personne ne prend le temps de vivre (que ce soit par choix ou par contrainte). Mais d'un autre côté, l'envie toujours présente, ou presque, de venir se frotter à cette vie trépidante juste pour quelques jours ou quelques mois, est perceptible.
  • Des pays étrangers qui regardent ce Grand Paris avec un sentiment double d'une ville centre exceptionnelle et unique et de sa banlieue qui pourrait faire peur.
L'image sociale : ces clichés qui ont la peau dure

En résumé on a d'un côté, la perception d'un Paris désirable de tous (ou presque) mais dont la vie s'oppose quasi catégoriquement à des relations sociales dignes de ce nom. Soit ses journées sont surbondées de gens pressés et peu aimables, un vague sentiment d'insécurité en arrière plan, soit ses nuits sont tristes avec une vie nocturne en berne. Néanmoins, en réalité, il semblerait que de nombreux Parisiens fréquentent d'autres Parisiens, voire ont des amis Ô ciel ! Qu'ils sont aussi actifs dans les associations, pratiquent des activités de toutes sortes etc. Paris reste également le lieu privilégié des Franciliens pour les sorties du samedi soir.

De l'autre côté, la perception d'une banlieue dont la vie quotidienne serait uniformisée (la vie de banlieue c'est dans toutes les banlieues pareil, métro-boulot-dodo), certaines villes se détachant toutefois de manière péjorative avec une image de ville en crise ou dangereuse. Pourtant, dans la réalité, chaque commune est différente et la force de ce Grand Paris c'est bien d'avoir une multitude d'identités auxquelles les habitants sont fortement attachés. D'autre part, la solidarité est un réel vecteur de relations sociales dans les villes de petite et grande couronne grâce à de nombreuses structures associatives ou à des initiatives locales individuelles. "Arrêtez avec ces stéréotypes infondés ! En banlieue, il y a des problèmes, mais avant tout ce sont des êtres humains qui y vivent. Ils ont aussi de belles choses à partager et à nous raconter. Il y a des artistes, de la bonne humeur, des rencontres."

Cette perception est grandement liée à la médiatisation biaisée qui est faite sur le territoire surtout quand on titre "Paris la belle endormie" ou "Paris belle mais nantie et coincée". La surmédiatisation des problématiques sociales nuit beaucoup à l'image du territoire. Les habitants sont alors coincés par une étiquette qui ne leur correspond pas mais qui leur colle à la peau.

Le projet du Grand Paris saura-t-il être le terreau d'un renouveau social ? Fera-t-il émerger des initiatives solidaires ?

Ou plutôt les Grand Parisiens sauront-ils percevoir les opportunités de ce territoire qui se fédère pour porter des projets ensemble, loin des clivages et des clichés ? L'avenir, et notre image sociale, ne sont-ils pas alors un peu entre nos mains ?

Sources :

Rebecca Hjortegaard Hansen, « The narrative nature of place branding », in Place Branding and Public Diplomacy, Macmillan, vol 6, 2010

Quelle image de la banlieue dans les médias, Le Monde, 4 avril 2006

Belle mais nantie et coincée, article du New York Times extrait de Courrier International du 20 nov 2013

Paris la belle endormie, Lefigaro.fr, 25 octobre 2005

http://blogs.mediapart.fr/edition/lyceennes-lyceens/article/270315/banlieues-populaires-francaises-vers-une-couverture-mediatique-alternative

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